La lutte continue

Les archives vivantes d’Occupons Montréal invitent Diffuse et résiste à faire un atelier populaire de sérigraphie, à Skol, dans le Belgo, sur la rue Sainte-Catherine, le 3 novembre de 13h à 17h. Soyez les bienvenus!



Grande École


Le héros tombe dans les escaliers. Il roule en bas des marches sous le regard médusé de la foule réunie là. Personne ne le lui demande, mais en se relevant, il rassure l’assemblée : « Je vais bien, ça va, rien de cassé. » Dans les films burlesques, le héros se relève toujours impassible de ses innombrables chutes. Cette endurance à la cruauté du monde est précieuse pour le spectateur, d’autant plus que les acrobaties mises en scène n’en sont pas moins réelles. Dans l’escalier, c’est un vrai corps qui tombe. C’est ainsi qu’il faut entendre le réalisme des récits de Grande École : ils sont réalisés sans trucage. Sous le joug de toutes sortes de disciplines, le narrateur apprend. C’est-à-dire que, petit à petit, il réunit des compétences, la plupart du temps à son corps défendant – comme le sont les corps de tous les apprentis, tour à tour flottants et entêtés, dont ce livre est peuplé.
 
> LeQuartanier, coll. « Série QR », 248 p. / 23,95 $

> Lancement à 17h le lundi 15 octobre au Port de tête (262 Mont-Royal Est).

Clap de fin


Le nouveau gouvernement a promis d'annuler la hausse des frais de scolarité et la loi 12. Cette annonce met un terme à la grève étudiante, et du même coup à celle de L'eau tiède. Le dessin où l'on voit le chou-fleur quitter la vie politique servira de clôture à cette série de près de quatre-vingts dessins qui ont accompagné et soutenu la lutte des étudiantes et étudiants du Québec. J'arrête ce travail pour célébrer (quand même) la victoire contre les brutalités – économique, policière, langagière – du gouvernement libéral, mais aussi parce que nous allons sans doute rentrer dans une période de plus basse intensité politique et qu'il va falloir modifier nos stratégies créatives pour prolonger les actions du Printemps. Merci à celles et ceux qui m'ont assuré au cours de ces six derniers mois que ce travail leur faisait du bien. Ça me faisait du bien à moi aussi, mais l'idée qu'il y avait là comme un bien commun était sans doute la plus forte des motivations. 


Bon, mais on se voit le 22 de toute façon.


Décret


Métropolis

L'eau tiède est pas très fraîche aujourd'hui. Que s'est-il passé hier soir? La première réaction c'est de réclamer du temps pour y penser. Mais, depuis que je dessine en soutien au mouvement étudiant et citoyen de ce Printemps, je ne me suis jamais laissé le temps de penser avant de dessiner. Mes dessins ne résultent pas de ce que je pense, je découvre ce que je pense en les faisant. Des fois j'ai l'impression d'être complètement à côté de la plaque et vos réactions m'indiquent que j'avais vu assez juste (des fois c'est l'inverse mais heureusement c'est plus rare). Aujourd'hui je suis bien embêté avec mon envie de « prendre du temps pour y penser » et mon besoin de dessiner pour comprendre ce qui se passe. Je suis bien embêté car je ne crois pas que le tueur du Métropolis soit un personnage politique comme les autres. C'est un symptôme plus qu'un acteur. Il n'aurait jamais dû se retrouver avec une arme entre les mains et des discours en tête pour justifier qu'il s'en serve.